La cour des HLM

De ce que j'ai pu en déduire... Quelqu'un a foncé en voiture dans la barrière, puis a fait marche arrière en direction le sud de la ville.

Dit-elle à l'intention de Kravetz. D'ici, elle pouvait assurément mieux voir la neige, et dans quel état celle-ci, mélangée à la boue, se trouvait. Ses mains manipulaient machinalement une boite d'allumette qui se trouvait dans sa poche.

- Hm.

Dans un premier temps, Mikolaj sembla complètement désintéressé des paroles de Sofia. Après quelques secondes, il prit finalement la parole pour échanger des informations qui pourraient s'avérer utiles.

- Au sud y a pas grand chose... Les centrales à charbon, principalement. Si un mec s'est tiré par là-bas on pourra sûrement trouver des témoins.

La parlote n'étant pas son fort, l'inspecteur trahissait une impatience quant à la découverte du cadavre. Glauque, mais réelle.

- Putain.

Ce fut la seule réaction que lui provoqua la vision du cadavre et de l'enfant. Ce n'était pas son premier corps, sûrement pas le dernier non plus, et même si personne ne s'habituait jamais vraiment à la découverte d'un mort, Mikolaj n'y était plus vraiment sensible. Du moins, en apparence. L'inspecteur prit l'initiative d'approcher le garçon sans consulter sa collègue.

- Hey, gamin.

Il claque deux fois des doigts devant les yeux de l'adolescent pour jauger son état de conscience, réflexe anti-drogués.

- T'es là ? Explique-moi vite ce que tu fous ici.

Sofia elle, n'avait pas de mot pour exclamer ce qu'elle pouvait ressentir face à ce sordide tableau, une main se cala contre sa bouche grande ouverte. Ce n'était pas le premier peut être, mais c'était toujours impressionnant. Elle se demandait... Depuis combien de temps était-il là ? Ses yeux détaillèrent le nœud coulant ensuite, d'un œil aiguisé... Mais lorsque lesdits yeux remontaient sur le visage globuleux et bouffi de sang de la victime, l'inspectrice retint un haut le cœur discret.

Je... Vais inspecter les alentours également.

Sofia pu détourner son visage de cette scène tragique, l'appel de la benne à ordure lui permettant de s'en servir comme prétexte. De toute façon, il était clair que cet homme ne s'était pas pendu tout seul et peut être que l'imbécile qui avait décidé de s'en prendre à cet homme aussi ouvertement, avait également décidé de mettre des indices partout. Soit c'est un amateurs, soit c'est quelqu'un qui sait qu'il ne se fera pas attraper... Du moins, c'est ce qu'il pense. La jeune femme n'en est pas à son premier coup d'essai.
Elle ouvre d'un coup la benne à ordure.

- THE FUCK SAID ? QU'EST CE QUE TU VEUX SALE PORC ?! TU ES SUR LE TERRITOIRE DE SAI ICI.

ELECTROCHIMIE - "C'est bien ce qui me semblais. Ce gamin est accro au speed et là il est en manque. Sa mâchoire a parfois du mal à s'articuler. Mais ça veut aussi dire que peut-être ... il sait où en trouver plus."

PÉNOMBRE - "Il a besoin d'une bonne leçon. Ce genre de sales gosses te respecte uniquement après que tu les frappes. Prend la bonne décision"


Malheureusement pour Sofia la benne à ordure est fermée.

INTERFACE HUMAINE - "Laisse nous régler ça". Sofia peut qu'à peine se contrôler comme si ses mains bougeaient toutes seules tandis qu'elle prend la trousse à "outils" de sa poche et force sans soucis le cadenas de la benne à ordure.

Il y a beaucoup de déchets. par "chance" il semblerait que les camions à ordures ne sont pas encore passés.

INLAND EMPIRE - "Profondeur. Révèle nous tes secrets. L'heure de la recherche"

Inutile de préciser que ça ne sent pas très bon.

Le sang de l'inspecteur ne fit qu'un tour, bouillonnant en lui tel une cocotte minute prête à explosée. Ses mains soulevèrent le gamin par le col et vinrent le plaquer contre le grillage. Le fixant droit dans les yeux, Mikolaj ne joue pas la comédie, il n'a réellement pas le temps pour ces conneries.

- Ecoute-moi bien petit con. J'pourrai te défigurer à vie ou te foutre dans cette benne à ordures que tout le monde s'en battrait les couilles. Maintenant que tu m'as dit le nom de ton petit copain Sai, je n'ai plus qu'un coup de fil à passer et je nique tout son business en lui précisant bien que c'est toi qui l'a dénoncé. Tu veux ton speed ? Hein ? Tu l'auras. Mais tu vas me dire ce que tu fous là et ce que tu sais de ce gros porc pendu là-bas derrière.

Il prenait bien la peine de ne pas révéler son appartenance à la police. Pas encore, en tout cas, toisant l'adolescent comme s'il était prêt à le dévorer au moindre mensonge.

Sofia se laissa totalement faire par son ia en qui elle lui donnait une totale confiance. La benne à ordure fut ouverte en un rien de temps, et la jeune femme n'avait pas prévu de gant. Tant pis... La résolution de mystères nécessitaient parfois quelques sacrifices. Sa main s'approchait du premier tas qu'elle entendit des éclats de voix derrière elle, enfin, un seul, qui venait de son nouvel acolyte.

"..."

Elle sort son revolver, le coup qui en sortait se logea à plusieurs cm des pieds de l'inspecteur, souhaitant arrêter cet accès de violence au plus vite.

"Eh... Stop."

Sofia est une femme de peu de mots... Et puis, intervenir de cette manière sur un gamin déjà chamboulé était la recette miracle pour lui faire dire n'importe quoi. Les aveux sont souvent prompt à l'erreur humaine, mais les objets et les preuves ne mentent pas.

COORDINATION MAIN-OEIL - "Jolie coup. Une vraie cow-boy. Tu aurais survécu sans soucis dans le Far West"

Mikolaj parvient à intimider l'enfant qui reste bouche-bée face à cet accès de violence suivit d'un coup de revolver, dont il ne voit pas où arrive le projectile, suffit à le faire tomber littéralement à la renverse. Les genoux tremblants.

ELECTROCHIMIE - "Ah le manque rend plus faible. Il ne tiens même pas sur ses genoux."


Le gamin finit par se relever, son pantalon plein de boues et commence à répondre à l'inspecteur.

- C'est moi SAÏ. Et ici c'est chez moi. Sale gros proc.

Dit-il avec une larme en train de couler de son œil gauche tout en regarder non loin une "maison" faites de bois. D'ailleurs, en regardant autour de vous. Vous voyez une immense barrière faites de bois comme si la délimitation a été faite pour voler cette petite cour qui devait appartenir aux HLM. Le responsable n'est nul autre que la "situation".

- C'est juste un enfoiré qui mérite de mourir. Fuck fuck fuck. D’OÙ TU PARLES DE SPEED LA ? C'est mon territoire c'est moi qui en vend ici et SAÏ ne te fais pas encore assez confiance pour t'en vendre.

Ces détraqués défoncés au speed, Mikolaj en avait fréquenté plus d'un. La manière qu'avait Saï de s'exprimer à la troisième personne l'étonna tout de même, révélant une addiction qui devait remonter à... son enfance, peut-être ? En tout cas, son cerveau n'avait pas apprécié d'être drogué pendant sa croissance. Le coup de feu fit une terrible irruption en plein interrogatoire, forçant l'inspecteur à se retourner pour faire face au fils de pute qui allait regretter de l'avoir raté. Une main sur son pistolet qu'il ne dégaina pas, ses yeux azurs semblèrent s'assombrir en découvrant qui le tenait en joue.

- Putain, on m'a toujours dit de me méfier des chintoks.

Il recula d'un pas, libérant le gamin qui avait maintenant un pas d'avance s'il souhaitait s'enfuir, mais qui n'irait sûrement pas bien loin vu son état. L'attention du polonais était focalisée sur la dégénérée qui semblait avoir oublié son camp.

- A quoi vous jouez l'ahurie ? Baissez votre arme. Premier et dernier avertissement.

Il était inconcevable pour Mikolaj de l'imaginer tirer. Qu'on lui ai foutu une incapable sentimentale dans les pattes, d'accord, mais une femme plus dégénérée que lui ? Non, ce n'était pas crédible.

- Vous comptez me regarder longtemps ? Y a une putain d'affaire à résoudre, et elle commence par le taudis en bois là-bas. ajouta-t-il après quelques secondes seulement, la pointant du menton.

Sofia souffle la fumée chaude sortie de son revolver, fière de son coup, en regardant son collègue d'infortune droit dans les yeux sans bouger. On pourrait peut-être y lire, dans son expression bornée... Quelque chose comme... Un bras d'honneur, mais sans le bras. Elle fait tourner son flingue autour de sa main à la manière d'un film de cow-boy avant de le ranger dans sa poche, et une fois ainsi fait elle détourne ses yeux vers l'objectif principal : le ventre plein de la benne à ordures.

* Trêve de futilités... Revenons à toi... Quels trésors m'y attendent.... ?*

Se dit-elle en retroussant ses manches, commençant à pousser des tas d'immondices diverses pour y voir plus clair.

- Putain, sérieux.

Les discussions attendront, mais arriveront. L'inspecteur sortit un paquet de cigarettes de son imperméable avant de l'ouvrir, attrapant l'une d'entre-elles par le filtre pour venir la placer entre ses lèvres gercées par le froid. Après l'avoir allumée, son attention revint au gamin qu'il chopa par l'arrière de sa veste, sans force.

- Allez, avance. dit-il en l'orientant dans la direction de la maison en bois, l'intimant de marcher.

Une braise, une bouffée de fumée, il reprit.

- Je savais pas que c'était toi le chef ici, fallait commencer par là. On m'a parlé de toi et de ton business, t'es fameux dans le coin... Je cherchais justement un fournisseur de speed. Bref, ce gros lard, pendu là-bas, c'était un client ?

INLAND EMPIRE - "Héhé à nous deux".

Sofia continue à fouiller dans les poubelles. Elle trouve un livre déchiré. Des Dés en bois qui semblent être cassés. Beaucoup de bouteilles de bières et de vodka vides. Puis à force d'insister elle trouve des vêtements. Un Jean's bleu usé ainsi qu'une veste verte qui semble avoir été déchirée.

VISUAL CALCULUS - "Le pantalon est de taille 32 et la veste fait du Large. C'est exactement la taille du macchabée pendu."



ELECTROCHIMIE - "Ça fais du bien une petite cigarette après avoir rétabli l'ordre dans ce trou paumé."


FRISSONS -" Les portes sont fermées mais les fenêtres du bloc d'appartement sont grandes ouvertes. Les rats sentent qu'une nouvelle odeur est sur leur territoire. Pour l'instant, rien de grave, juste des regards curieux. Tu connais la ville et tu sais comment ça se passe. Quelqu'un va surement reporter ce qui s'est passé aux plus grands. Mafieux officiellement ou officieusement ce ne sont que différents noms pour définir l'autorité. Lorsqu'un chef meurt quelqu'un prend toujours sa place comme la pluie qui ne cesse de revenir."


- Ah c'est bien que tu reconnais l'autorité de Saï. Ici c'est lui qui dirige et il ne faut pas essayer de le baiser ou de le doubler. Si tu veux du Speed j'ai un travail pour toi.

Il regarde une nouvelle fois le gros lard saisit une pierre et le lance à nouveau sur lui.

- Non lui c'est un enculé de gros porc. Un fils de pute. C'est ce que tout le monde dis en ville.

*Bah voila, exactement ce que je pouvais bien chercher. Je peux toujours compter sur vous.*

Dit-elle en sortant les deux vêtements en piteux état de leur écrin odorant. Ses doigts dégueulassent prennent garde de ne pas apporter encore plus de tâches sur des tissus déjà bien crasseux. Sofia siffle à l'inspecteur pour attirer son attention, lui montrant les loques du doigt sans pour autant piper un mot, avant de les inspecter ; peut-être qu'il y avait encore des choses dans les poches? Ou des tâches révélatrices?

La fumée s'échappa cette fois-ci des narines de l'inspecteur, suivant les paroles du camé avec attention. C'est vrai que cette cigarette faisait du bien. Elle l'aidait à ne pas encastrer ce petit con qui se prenait pour un baron. Ses pas arrêtèrent de s'enchaîner au premier frisson dévalant sa nuque. Les yeux clos, Mikolaj prit une quinzaine de seconde à écouter la terre, le bitume, le ciment, lui murmurer des mots doux. Ce mec pendu derrière n'était pas qu'un simple client qui n'avait pas payé... Il allait falloir en apprendre un peu plus. Il reprit sa marche en direction de la maison de bois comme si de rien n'était, dévisageant le jeune garçon avant qu'il n'ose faire une remarque.

- J'en veux, c'est quoi ton taf ?

Ses yeux azurs suivirent le lancer de l'adolescent, puis il ramassa une pierre avant de faire de même. Il jeta ensuite son mégot rongé jusqu'à l'os.

- Tu sais ce qu'il a fait ? Quand on m'a dit de venir là si je voulais trouver le meilleur speed de la ville, je pensais que c'était lui mon dealer, c'est pour ça que j'étais énervé. Lui aussi il tenait un business ?

Sofia cherche quoi que ce soit pouvant l'aider sur les vêtements et ne trouve rien de particulier hormis de la crasse. Difficile de deviner si les tâches dégueulasses étaient présentes avant ou après de finir dans une poubelle.


Alors que Mikolaj se dirige vers la sorte de cabane en bois l'adolescent camé se met devant lui comme pour couper sa route.



- A maintenant tu veux travailler pour Sai. Très bien, très bien.

Il semble étonnement reprendre confiance en lui avant de pointer du doigt les HLM.

- Appartement numéro 14 il y a le père de Saï. Un putain de baron et super dealer. Un gars immense avec plein de muscles. Il a plein de speed dans son appart. Si tu réussis à prendre son stock on fait moitié-moitié. Saï est un homme généreux en affaire.

Dit-il avant de jeter un coup d’œil dégouté en direction du cadavre.

- Non, lui fils de pute de porc. Pas un dealer. Pas comme Saï. Juste un gros porc qui a essayé de BAISER sans accord une fille. Grosse merde.

Puis lance une nouvelle fois une pierre sur le macchabée.

- Tout ce que sait SaÏ.

Mikolaj ne s'arrêta pas, ignorant le jeune homme en passant à côté de lui pour continuer son chemin vers la cabane en bois. Il se demandait si le gamin allait l'arrêter de force ou pas, restant vigilant.

- J'ai pas encore dit oui. Pourquoi tu ne vas pas le chercher toi-même, d'ailleurs ? j'ai d'quoi te payer ton speed.

Il voulait en savoir un peu plus sur cette relation père-fils, même s'il pensait déjà avoir compris.

- Un fils de pute de violeur ? C'était qui la fille ? La fille de quelqu'un d'important ?